Hier se portait encore le chapeau du lettré.

                                                            Aujourd'hui nul chapeau : on retrousse ses manches.

                                                            A côté des machines on écrit des poèmes ;

                                                            Et les poètes c'est nous. Nous les ouvriers.

                                                                                         révolution en afrique et direction du prolétariat


                                                                                                                                                                   par a. serfaty

luttes

ouvrières

pp. 46-49


     Pourquoi une réflexion sur le problème de la direction du prolétariat parait-elle particulièrement nécessaire, à partir des problèmes concrets de la Révolution en Afrique ?

     En Afrique, plus sans doute qu'en bien des parties du monde connaissant le processus des luttes de libération nationale, le rôle du prolétariat est mis en question par ceux-là mêmes qui veulent, en fait, nier ce rôle à l'échelle mondiale.

     Tout d'abord, nous dit-on, pour une raison péremptoire : c'est qu'en bien des pays d'Afrique, il n'y a pas de prolétariat, pas de luttes de classes, ces peuples sont « hors l'histoire », hors du temps, exception faite de quelques intellectuels qui ne tardent pas à finir comme Lumumba ou comme N'Krumah.

     Nous reviendrons sur le problème du prolétariat. Auparavant, éclaircissons quelques points de principe :

1) La considération que ces pays, ces peuples sont « hors l'histoire » et qu'il leur faut d'abord la réintégrer est déjà dissipée par les remarques profondes d'Amilcar Cabral et par la pratique vivante.

     Ici, il faut aussi dénoncer, nettement, les courants falsificateurs du marxisme qui ont pris, depuis dix ans, une particulière ampleur sur le thème du « mode de production asiatique ». Ces courants, propagés par les universitaires marxologues occidentaux et appuyés par les bureaucraties réformistes qui se couvrent du marxisme, tendent à présenter les sociétés communautaires précapitalistes, ainsi classées sous ce vocable, comme une impasse historique.

     Conclusion allant parfaitement avec les thèses sur l'étape dite de « démocratie nationale » : construisez d'abord le capitalisme, la démocratie bourgeoise, avant de passer au socialisme. A la limite, construisez, avec l'assistance de l'Union Soviétique, un Etat de démocratie nationale, un Etat bureaucratique, mais industrialisé, grâce aux « usines complètes » qui pourront être importées en échange de vos matières premières. Alors, tout doucement, dans le contexte du recul économique de l'impérialisme face à l'économie socialiste mondiale, dans ce contexte créé par la coexistence pacifique, seront créées les voies de passage au socialisme, la voie
« non-capitaliste ».

     Telles étaient les orientations proposées à l'Afrique au début des années 60. On sait ce qu'elles ont donné, la plus brillante application, celle de la R.A.U., terminant piteusement par le plan Rogers.

     Sans nous étendre, rétablissons la pensée des fondateurs du marxisme, de Marx et d'Engels.

     Non seulement la lecture du texte de Marx de 1858 sur les « formations précapitalistes » fait ressortir la supériorité qualitative par rapport à la société bourgeoise de ces sociétés communautaires, de ces sociétés où l'homme est le but de la production et non la production le but de l'homme, mais ce même texte nous montre combien ces mêmes sociétés sont plus proches, quant à leurs structures profondes, de la société socialiste à créer que ne l'est la société bourgeoise, société du dépouillement et de l'aliénation totale.

     Bien plus, là où les falsificateurs se démasquent comme tels, c'est lorsqu'ils ignorent systématiquement, dans leurs spéculations, la lettre dans laquelle Marx, répondant en 1881 à Vera Zassoulitch, à propos de la commune russe, exclut du champ d'analyse du
« Capital » les sociétés fondées sur la propriété commune de la terre, la commune rurale pouvant dans ces sociétés devenir « le point d'appui de la régénération sociale », à condition de « d'abord éliminer les influences délétères qui l'assaillent de tous les côtés et ensuite lui assurer les conditions normales d'un développement spontané ».

     C'est dans cette lutte contre les influences délétères du colonialisme et du néo-colonialisme que se noue l'alliance nécessaire et victorieuse des ouvriers et des paysans pauvres.

     Reprenons aussi la note d'Engels sur la première phrase du Manifeste : « L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes », précisant qu'il s'agit de l'histoire écrite connue de Marx et d'Engels en 1847, et non celle des sociétés basées sur la propriété commune de la terre.

     Enfin, aux « petits-bourgeois qui se prétendent des révolutionnaires », rappelons cette riposte de Lénine : « Si pour créer le socialisme, il faut avoir atteint un niveau de culture déterminé (encore que personne ne puisse dire exactement quel est ce niveau de culture déterminé, car il diffère dans chacun des Etats occidentaux), pourquoi ne commencerions-nous pas d'abord par conquérir révolutionnairement les conditions préalables de ce niveau déterminé pour, ensuite, forts d'un pouvoir ouvrier et paysan et du régime soviétique, nous mettre en mouvement et rejoindre les autres peuples ? ».

2) Que la bourgeoisie locale ne se réjouisse pas en croyant en profiter pour rejeter le marxisme et la lutte des classes. Sa phraséologie n'avait quelque prise que face à une équipe de petits-bourgeois félons, incapables d'être autre chose que des perroquets de schémas à l'opposé du marxisme lorsqu'ils sont appliqués hors de la situation concrète à laquelle ils correspondent.

     Le marxisme est une méthodologie dont le fondement repose sur le concept de praxis sociale. Ce concept permet de comprendre que les idées ne naissent pas spontanément, ni individuellement, mais émergent de la pratique concrète et collective des homme.

     C'est parce que le prolétariat industriel baigne, comme colléctif, dans une pratique concrète liée aux formes les plus avancées de la production qu'il est en mesure, comme collectif, d'accéder à la conscience révolutionnaire, qu'il est la classe sociale qui doit diriger l'ensemble des autres classes vers le socialisme. C'est pour cette raison que le marxisme, comme pensée dialectique émergeant du mouvement de la totalité concrète, est l'idéologie du prolétariat.

     Cela ne signifie pas que le prolétariat accède spontanément à cette idéologie. Lénine a montré que, dans les conditions de l'aliénation capitaliste, la première démarche du prolétariat est la lutte économique quotidienne et que la prise de conscience révolutionnaire, comme classe, lui est apportée du dehors par le parti révolutionnaire.

     Cela signifie que, dans ses premiers pas, ce parti n'est pas essentiellement prolétarien. L'expérience historique, et l'exemple de l'Afrique le confirme, montre que, au départ, accèdent au marxisme les intellectuels révolutionnaires. Mais ceux-ci y accèdent chargés de leurs déformations petites-bourgeoises. Ce n'est que la fusion de ces éléments et des éléments d'avant-garde du prolétariat dans un même parti, dans une même organisation, qui forge la pensée collective juste, qui fait de ce parti l'intellectuel collectif capable d'exprimer la conscience profonde des masses populaires et d'en devenir l'état-major de lutte.

     C'est dans ce processus de fusion que ces intellectuels doivent se suicider comme classe, doivent concrètement savoir, comprendre, faire entrer dans la vie le fait que les éléments prolétariens doivent devenir majoritaires aux postes de commande, que la pensée collective ainsi forgée, que l'intellectuel collectif ainsi forgé est d'essence prolétarienne. Précisons, il ne s'agit pas de tel ou tel homme, mais d'un collectif de direction, d'une structure collective.

     Ce processus de fusion implique une pratique critique permanente de l'idéologie petite-bourgeoise qui est nécessairement véhiculée par ces intellectuels et qui ne peut être corrigée et éliminée que dans le collectif regroupant les éléments prolétariens, et où ceux-ci doivent être en mesure d'assumer leur rôle et finalement, l'hégémonie de la pensée prolétarienne, de la pensée marxiste.

     L'exemple de Lénine est ici constant. Son principal combat idéologique des années 1900 fut mené contre les intellectuels petits-bourgeois qui gisaient sur la plate-forme marxiste, contre ces intellectuels pleurnichards qui cautionnaient les tentatives de la bourgeoisie russe de « se faufiler au pouvoir », parce qu'ils étaient incapables de rallier le prolétariat qui combat. En même temps, l'effort des militants était orienté vers les grandes entreprises où s'enracinaient, dans la lutte contre l'économisme, les organisations du parti et les Comités ouvriers qui en firent les forteresses du prolétariat, les bases idéologiques et organiques de la révolution, du futur pouvoir des Soviets.

     Après la Révolution d'Octobre, Lénine continua d'accorder une importance prioritaire à la structure prolétarienne du parti, contre la bureaucratisation naissante. Ainsi insistait-il, en décembre 1922, sur le renforcement du Comité Central par des ouvriers, en précisant : « quelques dizaines d'ouvriers qui entreraient au Comité Central pourraient mieux que quiconque entreprendre de vérifier, d'améliorer et de remanier notre appareil... Parmi les ouvriers membres du Comité Central doivent principalement figurer les ouvriers situés au-dessous de cette couche qui, depuis cinq ans, a rejoint les rangs des fonctionnaires des Soviets, et appartenant plutôt au nombre des simples ouvriers et des simples paysans, qui ne sauraient toutefois se classer, ni de près ni de loin, parmi les exploiteurs ».

3) Cette dernière mention nous amène au processus, à la dynamique même de la révolution dans les pays soumis à l'oppression coloniale et néo-coloniale. Si, jusqu'à la Révolution d'Octobre, les processus de libération nationale pouvaient être menés à terme par la bourgeoisie nationale, aujourd'hui, dans les conditions de la crise générale du capitalisme, conditions accentuées par la Révolution Chinoise, ce rôle ne peut plus être assumé par la bourgeoisie. L'expérience amère de l'Afrique le confirme.

     Ce processus correspond à la révolution de démocratie nouvelle ainsi précisée par Mao Tsé-Toung: cette révolution « fait partie de la révolution socialiste prolétarienne mondiale, elle combat résolument l'impérialisme, c'est-à-dire le capitalisme international. Politiquement, elle vise à instaurer la dictature conjointe de plusieurs classes révolutionnaires sur les impérialistes, les traîtres et les réactionnaires ; elle lutte contre la transformation de la société chinoise en une société de dictature bourgeoise. Economiquement, elle a pour but de nationaliser les gros capitaux et les grandes entreprises des impérialistes, des traîtres et des réactionnaires, ainsi que de distribuer aux paysans les terres des propriétaires fonciers, tout en maintenant l'entreprise capitaliste privée en général et en laissant subsister l'économie des paysans riches. Ainsi, cette révolution démocratique de type nouveau, bien qu'elle fraie la voie au capitalisme, crée les conditions préalables du socialisme. L'étape actuelle de la révolution en Chine est une étape de transition qui va de la liquidation de la société coloniale, semi-coloniale et semi-féodale à l'édification d'une société socialiste, c'est le processus de la révolution de démocratie nouvelle ».

     Cependant, « la révolution de démocratie nouvelle diffère également de la révolution socialiste, car elle vise à renverser la domination des impérialistes, des traîtres et des réactionnaires en Chine et non à éliminer les secteurs du capitalisme qui peuvent encore contribuer à la lutte anti-impérialiste et anti-féodale ».

     Fondamentalement, « par révolution de démocratie nouvelle on entend une révolution anti-impérialiste et anti-féodale menée par les masses populaires sous la direction du prolétariat ».

     Que signifie la direction du prolétariat dans ces conditions ? Elle signifie une direction idéologique au sein même de l'union de lutte des ouvriers et des paysans pauvres, une hégémonie ressortant des raisons fondamentales déjà rappelées, et non une dictature. La dictature s'exercera contre l'ennemi impérialiste et les racines qu'il laisse dans le pays et non au sein de l'union des ouvriers et des paysans pauvres. Il n'est pas nécessaire pour cela que le prolétariat industriel soit nombreux pourvu que se structure la base prolétarienne du parti et de la révolution : « la révolution ne peut échouer que si la lutte paysanne est privée de la direction des ouvriers, elle ne saurait souffrir de ce que les paysans sont devenus, au cours de leur lutte, plus forts que les ouvriers ».

     Lorsque ces lignes étaient écrites, le prolétariat industriel ne représentait en Chine que 0,5 % de la population, soit deux millions sur quatre cents millions. Dans plusieurs pays d'Afrique, le pourcentage d'ouvriers industriels est quatre à cinq fois supérieur. Dans des pays réputés sans classe ouvrière, comme le Congo Brazzaville ou la Libye, ce pourcentage correspondrait à 5 à 8.000 ouvriers industriels, des ports, des mines, du pétrole.

     On voit que le problème n'est pas du nombre, mais de l'enracinement, et au départ, de la volonté d'enracinement dans les bases prolétariennes.

     Ces principes étant rappelés, il est possible de voir comment ils s'articulent sur la réalité concrète de l'Afrique, de l'Afrique en mouvement au seuil des années 70.

     A des degrés divers, suivant les situations concrètes, il nous semble que les problèmes fondamentaux de la révolution en Afrique se caractérisent :

1) par une interpénétration croissante du processus de libération nationale et du processus de luttes des classes.

     Processus de libération nationale en Guinée-Bissau et en Angola, mais processus de libération nationale et de luttes des classes au Tchad et au Sahara Occidental, processus de luttes des classes et de libération nationale au Cameroun, en R.A.U.

2) par une interpénétration croissante des luttes de chaque pays et peuple face à l'ennemi commun, l'impérialisme.

     La révolution arabe devient, du Machreq au Maghreb, de l'Erythrée au Sahara Occidental, un seul et même processus, partie intégrante de la révolution mondiale, et étroitement lié aux processus de la révolution en Afrique.

     Dans toute l'Afrique, la lutte contre l'impérialisme s'approfondit et s'étend, devient un seul et même processus, également lié au processus de la révolution mondiale.

     Est-ce à dire que tel point faible ne peut sauter avant les autres ? Bien sûr que si. Mais au plan extérieur, cette percée ne pourra se consolider qu'en continuant de s'articuler sur l'ensemble du processus environnant. Au plan intérieur, et les deux sont liés, cette percée ne pourra se consolider que si elle se structure sur la base prolétarienne, seule garantie pour elle d'échapper au glissement néo-colonial vers une bourgeoisie d'Etat.

     Ainsi, à titre d'exemple, le prolétariat de Aden et de Bahrein sont un facteur de direction révolutionnaire, au-delà des frontières coloniales, pour toute la péninsule arabique.

     Au-delà de ces notes, nous ne pourrions que jouer les donneurs de leçons, ce qui ne nous appartient pas, ni à personne.

     En revanche, nous pouvons et nous devons dégager de l'expérience concrète des succès et des échecs de la révolution arabe quelques enseignements qui pourraient constituer un apport au problème:

1) Au stade du pouvoir plus ou moins contrôlé par une petite-bourgeoisie progressiste, c'est un leurre, c'est une illusion dangereuse de croire aux vertus d'une planification bureaucratique, aussi industrialisante soit-elle.

     Les masses populaires, et à leur tête la classe ouvrière, doivent exercer, par les instruments du pouvoir populaire forgés par et au cours même du processus révolutionnaire, le poids déterminant sur les orientations stratégiques du plan afin de forger et d'apprendre à forger une économie nouvelle par les propres forces du pays, et non par l'importation d'usines complètes qui restent autant d'instruments de désarticulation socio-économique.

     Ainsi, comme nous l'avons rappelé, le « suicide » des intellectuels révolutionnaires, comme classe, ne se fait pas après la prise du pouvoir, mais se produit dans le processus révolutionnaire lui-même, en forgeant, dans ce processus, les instruments du pouvoir des ouvriers et des paysans pauvres, comme instruments du processus révolutionnaire lui-même.

     L'exemple de Cuba a pu ici faire illusion parce que cet exemple, déformé par les « sympathies bienveillantes » des journalistes du Monde et du Nouvel Observateur, laissait croire qu'il s'agissait d'une révolution socialiste non conforme au marxisme, d'une révolution socialiste sans parti du prolétariat. Ces journalistes passaient sous silence, sinon mentaient, l'union de lutte entreprise dès avant la chute de Battista entre le Mouvement du 26 juillet de Castro et la classe ouvrière cubaine organisée par le Parti Socialiste Populaire, union qui déboucha, au lendemain de la Révolution, sur la fusion en un seul parti.

     Par contre, ces nuages de fumée et cette « bienveillance » ont joué leur rôle dans l'isolement et la chute d'un Ben Bella, d'un N'Krumah, d'un Modibo Keita.

2)  Le processus même de libération nationale, mené avec la perspective stratégique d'échapper aux impasses du « développement » techniciste et bureaucratique, peut préparer l'avenir en s'appuyant sur les restructurations de classe que l'impact colonial et néo-colonial, que la lutte de libération nationale provoquent.

     Le paysan qui devient un combattant, qui apprend à entretenir ses armes, qui en apprend les mécanismes, qui apprend les vertus de l'organisation et de la discipline, est-il encore un paysan individuel ?

     Le semi-prolétaire déraciné des villes qui se forge à la lutte de masses, qui, dans Amman, fait face victorieusement aux chars, est-il encore un semi-prolétaire déraciné ?

     Et tout de même, il y a aussi les ouvriers des ports, des mines et des usines et ateliers industriels, et, comme nous l'avons rappelé, l'interpénétration des luttes.

3) Dans ce processus même ressort la responsabilité historique des intellectuels révolutionnaires. Ceux-ci ont pu être les promoteurs de ce mouvement, enracinés dans leur chair à l'oppression de leur patrie et de leur peuple, disposant des moyens de connaître et d'assimiler les mouvements qui bouleversent le monde.

     Mais ce peuple qui surgit, ce peuple qu'ils ont aidé à surgir, ils doivent le saluer comme le nouveau géant de l'Histoire, de leur Histoire. Ils doivent apprendre à s'effacer devant lui.

     Plus que jamais, certes, le choix, le seul choix, des intellectuels arabes et africains, est celui résumé par ce petit livre paru en 1962 : Fidel Castro ou Tschombé ?

     La différence, en 1970, est que, pour les peuples, ce choix est désormais clair, irréversible. Tschombé a pu contribuer, par sa trahison, à freiner au Congo le cours de l'Histoire, à faire assassiner Lumumba. Mais Neto, mais Cabral, mais Arafat et Hawatmeh surgissaient, mais au-delà de ces hommes les peuples surgissent, des combats de Amman à la jungle de Guinée et de l'Angola, à la rocaille du Tchad, créant le monde nouveau.

     Une dernière note : il y aurait pour ces intellectuels une troisième voie, celle, rappelant l'exemple du Congo, des Adoula et des Gizenga. Libre à ceux qui n'ont pas le courage d'un Lumumba et la volonté d'un Cabral de choisir entre la haine réservée à Tschombé et le mépris réservé à Adoula, entre le maréchal Habes el Majali et Mohammed Hassanein Heykal.

                                                                                                                            21.9.70