souffles - arts
pp. 50-51
théâtre de la mer (alger)
la fourmi et l'éléphant
(une pièce sur l'histoire de la lutte du peuple vietnamien )
Pourquoi cette réalisation ?
Depuis presque un demi-siècle, le peuple vietnamien :
— a résisté victorieusement au colonialisme français, aux fascistes japonais et aux forces nationalistes réactionnaires de Tchiang Kaï Tchek
— a mis en échec le prétendu « gouvernement légitime » du fantoche Bao Daï qui voulait livrer le Viet Nam aux « alliés » impérialistes britanniques et américains venus assurer la relève du colonialisme français en déroute
— a conduit une longue guerre populaire de libération nationale qui a abouti à la débâcle du corps expéditionnaire français à Dien Bien Phu, sonnant le glas du système colonialiste mondial
— mène victorieusement, au sud du pays provisoirement divisé, une guerre populaire de longue durée contre le chef de file de l'impérialisme mondial, les impérialistes US agresseurs, et leurs laquais
— édifie au nord, avec succès, une société socialiste et la consolide dans le but de libérer le sud et progresser de plus en plus rapidement vers la réunification de la patrie, contribuant ainsi efficacement par son combat national à la révolution mondiale.
Pourquoi
ce peuple a-t-il dû mener et continue-t-il à mener des batailles révolutionnaires ?
Comment
ce peuple, anciennement colonisé, a-t-il pu mener les batailles révolutionnaires et un Dien Bien Phu des plus glorieux ?
« LA FOURMI ET L'ELEPHANT » est précisément notre tentative de répondre à ces deux questions fondamentales
— d'une part, comme acte de solidarité avec le peuple vietnamien en lutte
— d'autre part, pour essayer de tirer les enseignements de l'expérience révolutionnaire exemplaire du peuple vietnamien héroïque. Celui-ci, avec les autres peuples du monde, notamment en Palestine, en Afrique, en Asie et en Amérique latine, prépare à l'impérialisme mondial son Dien Bien Phu.
Principes généraux de la réalisation
« Qui ne sait rien ne peut rien montrer, car comment alors savoir ce qui vaut la peine d'être su? » Ainsi s'exprimait un grand travailleur du théâtre. En effet, pour BIEN FAIRE COMPRENDRE l'expérience historique du peuple vietnamien, il nous fallait nous-mêmes, BIEN COMPRENDRE cette expérience.
Comment bien comprendre ?
L'information (documents, écrits, enregistrés, filmés, revues, journaux, etc...) constitue la base : et le matériau essentiels du théâtre « documentaire ». Cette information se compose de l'histoire du Viet-Nam, de sa vie économique, politique, sociale, militaire, culturelle, etc... Pour étudier et traiter l'information dans le but d'en faire une œuvre théâtrale, nous avons défini une METHODE la plus rigoureuse possible :
— rechercher et assembler les éléments d'information
— analyser ces éléments
— en extraire ce qui nous semble essentiel pour la composition de l'œuvre théâtrale.
Comment bien faire comprendre ?
Une fois en possession des données fondamentales, nécessaires à la compréhension de la révolution vietnamienne, nous avons
— structuré les divers éléments et nous en avons fait un ensemble cohérent (synthèse) capable d'être transmis par les divers moyens de l'art
— opté pour un certain nombre de ces moyens qui vont du jeu de l'acteur à la bande filmée en passant par la marionnette, le commentaire, etc...
— établi des conventions de jeu telles celles concernant, par exemple, la couleur des costumes :
— les militants révolutionnaires en costume couleur unie claire
— les masses populaires en couleur mi-sombre, mi-claire, symbole de la contradiction entre l'idéologie réactionnaire dominante qui les opprime (couleur sombre) et leurs aspirations profondes révolutionnaires (couleur claire) ;
— élément de déshumanisation des réactionnaires, aussi bien locaux qu'étrangers : les masques
l'utilisation complémentaire du cinéma et du théâtre :
— comme lien entre la réalité prise sur le vif et sa représentation
— adopté un style d'expression scénique des plus simples, clair et sans ambiguïté, écartant tout ce qui ne nous semble pas strictement nécessaire
— opté pour un style de jeu bannissant toute illusion d'une vie réelle des personnages par les acteurs, ceux-ci ne faisant que représenter et raconter l'expérience historique d'un peuple.
Il est bien évident pour nous que « LA FOURMI ET L'ELEPHANT », comme nos précédentes réalisations, n'est qu'une PROPOSITION par les moyens artistiques d'une analyse concrète d'une réalité concrète. Aussi, « LA FOURMI ET L'ELEPHANT » ne se verra concrétisée en tant que CREATION qu'une fois au contact des spectateurs qui resteront les derniers juges.
Et c'est de la capacité de juger des spectateurs que dépend en définitive le fait qu'une œuvre ait son sens le plus complet, et que nous, travailleurs de la scène, puissions progresser et nous améliorer sans cesse, pour l'enrichissement de notre vie culturelle.
Avec le salut des travailleurs du THEATRE DE LA MER.