Cuba
une école moderne
en pleine campagnepp. 36-37
______________________________________________________
Une école secondaire d'un nouveau genre a ouvert ses portes dans la région de culture de la banane, à Artemisa.
Seconde du genre quant à la conception de « l'école installée à la campagne », elle est la première à avoir été construite sur la base des plans « Giron ».
En effet, la pédagogie révolutionnaire réclamait une conception architecturale adaptée à ses besoins et cette école est un premier essai dans ce sens.
Un groupe d'architectes et de techniciens de l'Institut des Projets du Secteur de la Construction s'est penché sur ce problème et a proposé comme solution ce genre de construction presque entièrement préfabriquée. Les éléments étant assemblés à l'aide de grues, le montage réclame un minimum de temps et de main-d'œuvre.
Autre avantage du projet, l'édifice repose sur des piliers dont les dimensions peuvent être adaptées aux accidents du terrain, ce qui évite des excavations coûteuses.
Les caractéristiques de l'école
C'est à la Brigade de Construction d'Ecoles Secondaires de La Havane que nous devons la réalisation de cette première école ultra-moderne qui répond aux directives du commandant Fidel Castro concernant l'enseignement secondaire.
Le centre comprend un bâtiment de trois étages pour les salles de classe, deux édifices — également de trois étages — pour les dortoirs et un vaste local regroupant le réfectoire, la cuisine, l'économat et les chambres froides.
Une quarantaine de professeurs assureront la formation des 500 élèves (250 garçons et 250 filles) sélectionnés dans plusieurs écoles de la région d'Artemisa.
Les installations comprennent des salles de classe spacieuses, des laboratoires et des ateliers d'études. Les professeurs sont logés dans des chambres individuelles et les élèves dans des dortoirs. Mentionnons également les salles de séjour, de récréation et de repos, une cafétéria, des salons de coiffure pour hommes et pour dames, une infirmerie avec salle pour les malades et cabinet de consultation, enfin, une salle de réunion.
Des terrains de base-bail, de basket, de volley-ball et d'athlétisme ont été aménagés, ainsi que des espaces verts.
Innovations dans les programmes d'études
Cette école sera un véritable laboratoire expérimental pour la pédagogie révolutionnaire. Les expériences qui y seront faites serviront de modèle pour les futurs centres et permettront de concrétiser une idée audacieuse.
Par exemple, parallèlement à leurs études, les élèves travaillent dans les bananeraies qui s'étendent autour de l'école, de façon à les habituer à lier la théorie et la pratique.
Jusqu'à maintenant, seule l'école secondaire du Plan Santa Amelia avait adopté ce principe : tout en développant chez les jeunes le maximum d'aptitudes, on leur apprend à connaître à fond les machines agricoles.
Enseignement des langues
L'anglais est enseigné dès la sixième, selon des méthodes audio-visuelles et en insistant surtout sur la pratique orale. A la fin de la quatrième, les élèves peuvent s'exprimer couramment.
Pour les matières scientifiques, des modifications ont été apportées au programme traditionnel de façon à l'adapter à la pratique; les élèves acquièrent ainsi des connaissances directement liées au travail qu'ils réalisent dans les plantations.
Les principes de physique, de chimie, de biologie et de mathématiques trouvent immédiate-ment leur application dans l'étude des machines agricoles, de la composition des sols, de la lutte contre les insectes, de l'utilisation des engrais, etc.
Cette nouvelle façon d'apprendre à la fois dans les livres et dans la vie pratique favorise de meilleures habitudes d'étude et permet d'utiliser des méthodes pédagogiques plus vivantes pour assurer une formation intégrale de nos jeunes.
Moniteurs et cercles d'études
Le système des élèves-moniteurs est appliqué ici systématiquement, en mettant l'accent sur une préparation solide.
Les cercles d'études sont destinés à intéresser les élèves à tout ce qui concerne le plan agricole auquel ils participent ou à tout autre domaine de la connaissance.
Les méthodes audio-visuelles sont largement utilisées et des cours télévisés sont donnés dans toutes les classes. Ils contribueront, comme c'est le cas partout où ils sont déjà organisés, à améliorer la qualité de l'enseignement.
Le système des moniteurs permet entre autres de trouver de nouveaux moyens d'évaluation des connaissances des élèves, de sorte que les examens traditionnels pourront être progressive-ment supprimés.
La pratique des sports tient une place importante dans le programme d'études. Par ailleurs, les meilleurs athlètes viendront à l'école faire des démonstrations et les élèves pourront visiter des centres sportifs et assister aux rencontres sportives nationales et internationales organisées par l'Institut National des Sports, de l'Education Physique et des Loisirs.
Quant aux activités culturelles et récréatives, elles sont nombreuses et variées, afin de stimuler l'esprit créateur de ces jeunes et de les habituer à utiliser intelligemment leurs loisirs.
Mobilier scolaire
L'école d'Artemisa offre une autre innovation dans la conception du mobilier scolaire. Les pupitres traditionnels ont été abandonnés au profit de tables plus légères et plus mobiles.
L'industrie du meuble a fourni là un produit qui prouve un grand souci d'esthétique, sans que le côté fonctionnel en soit pour autant négligé.
Une école de l'avenir
Une dizaine d'écoles de ce genre seront construites en différents points de ce vaste plan de culture de la banane qui s'étend sur plus de 5.000 hectares.
On prévoit un système similaire pour les nombreux plans agricoles du pays. La construction d'une dizaine de ces écoles est déjà envisagée dans différentes régions.
Il est évident qu'un projet de ce genre est ambitieux et les ressources qu'il réclame sont considérables puisque nous aspirons à avoir dans tout le pays des écoles secondaires répondant à notre conception de la pédagogie révolutionnaire.
Le but à atteindre en vaut la peine.
Un premier pas a été fait avec le centre d'Artemisa, cette école de l'avenir qui est déjà une réalité.
Publié dans le journal « Granma » le 29-4-70.