r. p. de chine
une école secondaire à toit de chaume
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Après avoir visité une centrale hydraulique moderne, construite dans les montagnes abruptes du Kiangsi du Sud, nous avons demandé à aller voir l'école secondaire qu'elle a établie à 5 km de là.
Nous traversons une forêt puis une vallée, pour déboucher sur des champs étagés sur des versants. Sur une pente douce, une maison à deux pièces couverte de chaume abrite l'école, composée d'un ouvrier venu de la centrale, d'un professeur et d'une cinquantaine d'élèves. On nous accueille chaleureusement et on nous fait entrer. Des deux côtés se trouvent deux rangées de lits superposés, au milieu, un tableau noir et des pupitres, et dans un coin, une grande armoire, le « magasin » de l'école. Equipement bien rudimentaire, en comparaison de celui de la centrale moderne dont dépend l'école.
Le maître ouvrier nous rappelle l'histoire de l'école. Pendant l'hiver 1969, la direction de la centrale décida de créer une école secondaire pour les enfants des ouvriers et employés, et désigna, comme responsable de l'exécution de cette tâche, un ouvrier vétéran. « On n'a qu'à l'installer à notre porte, il y a là des locaux tout prêts », proposèrent certains. Le vieil ouvrier, lui, était d'avis d'emmener le professeur et les élèves de la future école dans la vallée pour y bâtir une maison à toit de chaume. Intrigués, certains élèves demandèrent : « Pourquoi habiter sous le chaume, alors qu'en faisant quelques tours de plus la génératrice de la centrale pourrait couvrir toutes les dépenses de la construction de notre école? » L'ouvrier réplique: « En comptant sur eux-mêmes, les jeunes peuvent s'éduquer idéologiquement. Ils ne gagnent rien à ce qu'on dépense trop d'argent pour eux ». Fort de l'appui des responsables de la centrale, du professeur et des élèves, il amena ici ces derniers pour ouvrir la montagne et aménager des champs. On coupait soi-même le bois d'œuvre, on étudiait tout en travaillant. Maintenant, tous les champs sont couverts de cultures verdoyantes, l'école construite, et la conscience politique du professeur et des élèves s'est élevée.
Le maître ouvrier nous emmena voir les champs de l'école. Sur plus de vingt « mou », ce ne sont que piments poussant à hauteur de ceinture, maïs en pleine floraison, courges et potirons, légumes verts de toutes sortes. Dans une cabane située sur une pente, pics, faucilles, palanches et paniers sont placés en bon ordre sur des étagères. Un doux murmure nous attire vers un ruisseau au pied d'un versant. Le courant fait tourner lentement une roue de bois entraînant une longue corde qui va jusqu'à l'école. « C'est, explique le maître ouvrier, un « malaxeur automatique » inventé par les élèves qui l'utilisent dans les heures de loisir pour produire un insecticide. Auparavant, ils devaient agiter à la main, bouteille par bouteille, une solution chimique, ce qui demandait beaucoup de temps. Maintenant, cette opération manuelle a été pour ainsi dire « automatisée ».
Nous remontons le versant et bientôt nous nous trouvons devant une petite station électrique. Un courant d'eau amené par une conduite en caoutchouc vient frapper violemment les ailes d'une turbine qui fait marcher un petit générateur d'une puissance de 1 kW. Assis sur des rochers au bord de l'eau, nous écoutons le maître ouvrier parler de la construction de cette petite centrale.
« Certains, dit-il, avaient prétendu que, pour nous éclairer à l'électricité, il nous suffirait de brancher une ligne sur le réseau de la grande centrale. Mais nous n'étions pas de cet avis. Nous avons décidé de produire nous-mêmes le courant. Utilisant la ferraille et des fils électriques mis au rebut par l'usine, nous avons aidé les élèves à installer leur propre station, tout en leur apprenant des connaissances fondamentales sur l'électricité. Maintenant, nos élèves savent non seulement produire de l'électricité ou installer une ligne électrique et des lampes, mais encore réparer des haut-parleurs et des téléphones ».
Et il poursuivit, tout content : « Encouragés par leurs premiers succès, les élèves se préparent à construire une station électrique de plus grande envergure. Certains d'entre eux veulent aller encore plus loin : ils projettent de fabriquer une pompe à turbine en bois et d'étudier la production de l'électricité avec un courant peu rapide et à faible débit. Naturellement, nous appuyons leurs projets, nous les encourageons à en concevoir de nouveaux et à apprendre en passant à leur réalisation ».
Au coucher du soleil, nous revenons du ruisseau, assiégés de mille pensées. Nous nous rappelons alors l'enseignement du président Mao : « L'éducation doit être au service de la politique du prolétariat et être combinée avec le travail productif ». Fidèle à la ligne révolutionnaire du président Mao en matière d'éducation, la classe ouvrière, tout en aidant la jeune génération à s'instruire dans la pratique, lui insuffle l'esprit révolutionnaire de la classe et lui transmet ses traditions révolutionnaires.
(in « La Chine en construction », 1971)