souffles
numéro spécial 15, 3e trimestre 1969e. m. nissaboury : palestine tout court
pp. 66-67
C'est pour ne pas mourir d'inanition
que j'ai choisi le sable qui nous séparequi n'est plus sable
plus distancequi est une infinité de racines résumant
l'essentie1 d'an accord avec moi-même
et les premièrement en rupture
deuxièmement nous sommes tous des fidayinesC'est tout à fait le contraire de la danse du ventre
l'hornme-sandwich dépotoir
des terreurs bibliques
des erreurs historiques
des dénaturations par voie de conséquence
l'à peine visible dans une aisselle
c'est moi
n'ayant rien bàti rien systématisé
on ne me la fera pas avec les sois-sage-et-tais-toi
je n'ai pas à spéculer sur les rêves des rêveeurs
je n'ai pas à dresser de certificat de décès collectif
des ambitions décues
je dis à leur père qui est aux cieux ou quelque part dans une ville
du Fric
– leur père ou que vous soyez
qui leur donnez à chacun son arabe quotidien
faites-leur savoir aussi
que ie hais leurs femmes et leurs enfants
que je déchire les cartes de visite de leurs meilleurs amis
qu'au bout de chaque racine j'ai un fusil
et une volonté de vie qui tourne au cauchemar
dites-leur à l'oreille ou dans paris-match
qu'en face de chaque peuple élu
il y a celui qui refuse d'être élu
pour l'extermination
pour je ne sais quelle idée saugrenue
de ministre du tourisme raté
impuissant et sanguinaire
abrah!Faites vos jeux messieurs les chefs d'état-majors
messieurs les parlementaires
et vous aussi zigotos de la lune
c'est pour ne pas mourir
démocratiquement sur un transistor
que je nous sépareentre nous et vos cités idéales
il y a la main d'oeuvre déportée
les heures gmt
les tableaux impressionnistes
les dépressions idéologiques
des livres en quantité
et des nuits au rasoir sur notre humanité de silence
je nous sépare opprimé oppresseur chacun de son côté
salut
à toi
Yassir Arafat