souffles
littérairesp. 36
Les damnés de la terre ont donc décidé de s'emparer de la Parole.
Mais ce n'est pas pour troubler la quiétude des anciens maîtres
Ce n'est pas pour attirer l'attention des anciens Rois-Savants sur leurs blessures et l'injustice dont ils ont été victimes
Ce n'est pas pour orchestrer une légitime défense ou un plaidoyer afin que leur statut d'hommes leur soit enfin reconnu
Cette prise de la parole
C'est d'abord et avant tout une acquisition de haute lutte de nos peuples
C'est l'expression de notre souveraineté historique reconquise malgré et contre le sabotage des bâtisseurs de ruines
C'est la certitude de notre responsabilité autonome devant les hommes et l'histoire
La littérature peut. Le règne de l'homme s'annonce.
Nous sommes les modestes sentinelles et les humbles sourciers de cet avènement où les masses exploitées, frappées d'aphasie par l'oppression, oseront enfin penser, parler, créer.
Ni prophètes ni majadibs. Des annonciateurs, gardiens pas du tout exclusifs de ce potentiel redoutable de nos peuples : Le Pouvoir de la Parole.
Maghreb. Monde Arabe. Afrique. Amériques..., poètes et écrivains combattants, que nos souffles s'étreignent en autant de braises violentes préparant les clartés futures !
a. Laâbi